Les solutions proposées contre l’acné par la dermatologie : antibiotiques et isotrétinoïde. Pourquoi cela pose problème ?
La Pr Marie Beylot-Barry, Cheffe de service de dermatologie au CHU de Bordeaux et vice-présidente de la société française de dermatologie etait invitée ce 3 février 2022 sur le plateau radio d’Europe 1, pour parler de l’acné des adolescents.
Quand j’ai vu sur Youbube cette vidéo récente sur le traitement de l’acné, j’ai d’abord été contente. De l’acné, on en parle pas assez.
Certes, il s’agit d’acné adolescent, dont on parle davantage que l’acné chez les adultes, mais c’est déjà bien que ca vienne sur le devant de la scène.
Puis, j’ai déchanté.
J’ai pris des notes au fur et à mesure de l’intervention de la dermatologue.
Je vous livre mes réflexions à chaud.
L’acné est un passage obligé à l’adolescence
Elle indique qu’environ 80% à 90% des adolescents ont de l’acné, que oui, c’est un passage quasi obligé.
=> Ne faudrait-il pas se demander si cela a toujours été le cas ? Si c’est le cas dans tous les pays et sur tous les continents ?
Si la réponse est non à l’une ou l’autre (ou les deux) de ces questions, c’est que l’acné n’est pas inhérente à la seule puberté et condition adolescente, mais qu’il peut être conjoncturel.
Alimentation, pollution, perturbateurs endocriniens, stress …
Une étude va dans ce sens, montrant que certaines contrées, “ non occidentalisées” sont épargnées par l’acné.
J. K. L. Tan et K. Bhate, « A global perspective on the epidemiology of acne », The British Journal of Dermatology, vol. 172 Suppl 1, juillet 2015, p. 3–12
Les causes de l’acné
Elle évoque l’inflammation du follicule pillo-sébacé, la surproduction et la rétention du sébum, lié à la puberté.
=> Pour moi, et selon la vision naturopathique, cette inflammation n’est que la conséquence des causes de l’acné. (il y a d’ailleurs des acnés non inflammatoires, dite rétentionnelles).
Elle ne le nomme pas, mais en évoquant la puberté, on supporte qu’elle parle de la cause hormonale/endocrinienne.
Evidement, la mise en place du système hormonal chez le jeune homme et la jeune fille entraine un chamboulement au niveau de la production de sébum. Les hormones androgènes ne sont pas étranger à cet emballement. Mais ce ne sont pas les mêmes hormones qui sont en jeu chez l’homme et la femme, donc un traitement indifférencié pour les deux paraît inapproprié.
Surtout que l’acné peut être multifactorielle.
Les hormones, certes, mais lesquelles ?
Ostéogène, progestérone ? Les androgène, testostérone ?
Et le cortisol, hormone du stress, on en parle ? La résistance à l’insuline ?
Mais aussi : l’alimentation, la cause psycho-émotionnelle, un microbiote en déséquilibre, des pathologies digestives, des molécules médicamenteuses, des polluants et pesticides, des produits cosmétiques inadaptés.
Autant de paramètres qui peuvent être réglés par une hygiène de vie et une routine de soin adaptée.
Articles exclusifs sur la peau et l'ACNE
et accès au tarif de lancement du Programme Acné Academy,
en vous inscrivant avec ce formulaire :
L’acné peut-elle être génétique ?
A cette question, la dermatologue répond que certes, il y a des familles où l’acné est très présente, mais que non, on ne peut pas parler de facteur générique.
=> si ce n’est pas génétique mais que dans une famille, l’acné est très présente, c’est qu’il y a dans cette famille un terrain favorable. Alimentaire, un environnement générateur de stress, une tendance hormonale communel ou un microbiote déséquilibré … et dans ce cas, la cause n’est pas seulement liée à la puberté. Et dans ce cas, on peut agit sur ces paramètres, en les détectant, puis en les régulant.
Mais faut-il pour autant exclure le critère génétique ?
Des études semblent dire le contraire :
Genome-wide meta-analysis implicates mediators of hair follicle development and morphogenesis in risk for severe acne | Nature Communications
V Bataille, H Snieder, A J MacGregor, P Sasieni, T D Spector « The Influence of Genetics and Environmental Factors in the Pathogenesis of Acne: A Twin Study of Acne in Women » [archive] Journal of Investigative Dermatology (2002) 119, 1317–1322
Ghodsi SZ, Orawa H, Zouboulis CC « Prevalence, severity, and severity risk factors of acne in high school pupils: a community-based study » [archive] J Invest Dermatol. 2009;129:2136–2141
Ce n’est pas parce que c’est génétique qu’il n’y a pas de solutions, qu’il faut baisser les bras. Cela peut être inscrit dans les gènes mais si l’environnement n'‘est pas favorable à leur expression, alors l’acné pourra rester silencieuse. L’épigénétique.
Au final, elle ne parle pas d’aucunes des autres causes connues. Peut-être parcequ'on peut agir dessus sans traitement médical ? Mais même les déréglements hormonaux peuvent être régulé par l’hygiène de vie (alimentation, gestion du stress, plantes régulatrices, produits de soins adaptés à son type de peau …)
L’acné peut-elle être causé par l’alimentation ?
L’animatrice demande si des facteurs environnementaux peuvent causer de l’acné ?
Elle répond que le tabac peut être un facteur aggravant, mais qu’en aucun cas les chips, les sodas ou la charcuterie ne sont en cause. “C’est pas vraiment ca qui va lui donner des boutons”.
=> Je crois que le seul point sur lequel elle et moi allons être d’accord, c’est sur le tabac.
Etude : Klaz I, Kochba I, Shohat T, Zarka S, Brenner S. « Severe acne vulgaris and tobacco smoking in young men »
Pour le reste, des études ont montré l’impact de l’alimentation industrialisée sur la survenance de l’acné :
« Diet and acne revisited » [archive] Arch Dermatol. 2002;138:1591–1592
Growing evidence suggests possible link between diet and acne [archive], www.aad.org
Balayer la cause alimentaire d’un simple revers de main et sourire en coin me semble donc un peu léger. Je parlais déjà de l’impact de l’alimentation dans cet article :
et celui ci : “Je mange sainement mais j’ai quand même de l’acné !?” — Peau'fine Ta Santé (neigeline.fr)
Acné, quand faut-il agir ?
Elle indique qu’il faut agir dès l’apparition des premiers boutons, pour pouvoir donner un traitement rapidement, et éviter que cela dégénère en acné sévère.
=> On peut aussi adopter une hygiène de vie et routine de soin adaptée dès les 1er signes d'inflammation. Ecouter son corps et détecter le message qu’il nous envoi. Tout symptôme (et l’acné en est un) est le reflet d’un dysfonctionnement en interne. Résoudre ce dysfonctionnement permet de résoudre le symptôme. Le camoufler avec des traitements systématiques et répétés le masque et peut faire empirer les choses lorsque qu’ils devront être stoppé.
C’est une des raisons pour lesquelles beaucoup de femmes se découvre une acné à l'âge adulte, souvent à l’arrêt de la pilule. Elles sont passées par une phase traitement de l’acné par crème, antibiotique et / ou comprimés, puis prise de la pilule contraceptive qui peut aussi masquer les symptômes, dont l’acné.
On ne triture pas ses boutons d’acné !
On le sait, quand on touche à ses boutons, ca empire les choses.
Et comment on fait pour ne pas triturer ses boutons?
La dermatologue répond : bhen faut lui dire qu'il ne faut pas.
Okey ... sauf que c'est parfois irrépressible.
La dermatillomanie, on en parle pas ?
J’avais écris une newsletter sur la façon de s’occuper de ses boutons, de manière la plus sécuritaire possible, lorsque vraiment, on ne peut pas faire autrement.
Les crèmes contre l’acné peuvent être irritantes
Sur les traitements à proposer en première intention si l’acné n’est pas trop sévère, il y a les crèmes. “ le problème c'est la tolérance a ces crèmes contre l’acné, et certaines peuvent etre irritantes, il faut expliquer a l ado qu'il faut pas en mettre trop"
=> (Donc si il y a un problème, ca vient de l application par le patient et non du produit …)
Concrètement, il a été démontré que le peroxyde de benzoyle et les rétinoïdes locaux peuvent être irritants.
De plus, une utilisation répétée et/ou prolongée induit une résistance aux antibiotiques communément utilisées (doxycycline tétracycline, érythromycine, clindamycine) ce qui les rends moins efficace :
Walsh T.R, Efthimiou J & Dréno B (2016) Systematic review of antibiotic resistance in acne: an increasing topical and oral threat (cardiff.ac.uk)
Si pas de résultats au bout de 3 mois de traitement local, on leur propose de changer de traitement. Mais si ca ne marche pas, c'est aussi parceque parfois il la mettent pas régulièrement leur crème !
=> ... elle persiste !
Et pourquoi ne pas prendre justement ce délai de 3 mois pour explorer des pistes plus naturelle ?
Ajoutez les 3 mois d attente pour avoir un rdv chez le dermatologue.
En 3 à 6 mois, en naturopathie, on a largement le temps de voir des résultats sur l'acné !
Les antibiotiques contre l’acné sont-ils sans danger ?
Mais il y a pas trop de risque à prescrire des antibiotiques contre l’acné ?
Réponse : “le traitement dure 3 mois, on fait pas plus que 3 mois”
”mais si on a fait plusieurs cycles de 3 mois, alors on il faut peut être se poser des questions et c'est ce qui fait qu'il y a sans doute besoin de nouvelles approches pour l'acné.
=> Oh ? Et il faut attendre 6 mois à 1 an de traitement, avec de potentiels effets secondaires, pour se dire qu'il faudrait tenter d autres approches ? On ne peut pas commencer par ca?
Mais je ne pense pas qu'elle parle d’ approches naturelles et physiologiques. A mon avis, elle a un autre traitement chimique de sa poche.
”Le problème des antibiotiques contre l’acné, c'est que c’est rapidement efficace mais il y a très souvent des récidives.”
=> Et oui. C est ce qui arrive quand on traite le symptôme mais pas la cause...
Donc, très souvent, les antibiotiques sont inefficace sur le long terme.
”surtout si le traitement d entretien (crème, entre deux sessions d’antibiotiques) n'est pas bien fait.”
=>Ok, donc encore une fois, ce n'est pas du à l’inefficacité du traitement mais au comportement du patient.
Franchement, quand une personne a de l’acné, adolescent ou adulte, je pense qu’il est motivé à appliquer une crème s’il a l’espoir que ca le libère de ces boutons !
Et les antibiotiques contre l’acné, quels effets sur la flore intestinale ?
Réponses : c’est utilisé seulement 3 mois et faiblement dosé. Pas besoin de prendre des probiotiques.
=> 3 mois, mais qui peut être ré-itéré après une période d’entretien avec les crèmes anti-acné. L’effet cumulatif et de répétition peut être impactant. Le microbiote est un écosystème fragile. Le protéger en prévention, par des probiotiques adaptés pour compenser l’agression répétée des antibiotiques, me semble au contraire être un minimum. Dans des pays comme l’allemagne, la prise d’antibiotique est systématiquement accompagnée d’une prescription de probiotiques.
Quand on sait que les bactéries de l’intestin participent à une bonne digestion, assimilation des nutriments, mais aussi au bon équilibre hormonal …
La tétracycline, la doxycycline et la minocycline.
Ce sont les 3 antiobiotiques utilisés contre l’acné.
Effets secondaires possibles : sensation de peau sèche ou irritée, allergie et œdème allergique (gonflement), troubles digestifs (nausées, diarrhées, douleurs à l’estomac), maux de tête, photosensibilisation (sensibilité accrue aux ultraviolets), Changements dans le nombre de cellules sanguines et saignements de nez subséquents et meurtrissures, augmentation de la pression crânienne, acouphène, problèmes de vue, perte d’appétit, douleurs musculaires et articulaires …
L’isotrétinoïde contre l’acné sévère et récidivante
“si les crèmes et antiobiotiques ne fonctionnent pas, on passe à l'isotrétinoïde, (molécule utilisée dans le Roaccutane).
C'est un traitement de 6 à 8 mois qu'il ne faut pas hésiter à prescrire mais en accompagnant bien car il peut avoir des effets secondaires”
=> Ha enfin, on en parle ! D’autant que des effets secondaires, il y en a aussi avec les crèmes et les antibiotiques.
Sècheresse cutanée, des muqueuses et oculaires (solution proposée par la dermatologue : crème hydratante et stick a lèvres) (quid des omega 3 ? pour renforcer la barrière hydro-lipidique et les phospholipides des membranes cellulaires des tissus, dont la peau et les muqueuses)
Acné et oméga 3 : trouver le bon équilibre anti-inflammatoire — Peau'fine Ta Santé (neigeline.fr)
et
risque de malformation en cas de grossesse. Donc, pilule contraceptive prescrite systématiquement aux jeunes filles sous isotrétinoïde.
Pilule, qui est un perturbateur endocrinien, mais on est pas à ca près.
Isotrétinoïde, Accutane, Curacné … et dépression chez les adolescents acnéiques
“J’ai entendu dire que ce traitement pouvait filer le bourdon aux ado ?”
Le bourdon. on parle de dépression et de cas de suicide là...
”Oui, cela peut entrainer des troubles psychiques et psychiatriques, même si on sait que l'adolescence est une période psychologiquement difficile
Solution : prendre rdv chez un psy”
=> il est indéniable que la période de l’adolescence est un période de transition complexe. Que l’image de soi, la construction de son identité peut être rendue encore plus difficile par l’apparition de boutons, qui donnent l’impression d’être rejeté par les autres.
Etre accompagné par un professionnel de la santé psycho-émotionnelle, oui.
Mais être aussi conscient que ces traitements sont susceptible de désorganiser l’équilibre des neurotransmetteurs et jouer sur le comportement et l’humeur de l’adolescent.
le fait que ce médicament soit prescrit en majorité à des adolescents, qui par définition, traversent une période de transition psychologique, rend difficile toute mise en lumière ou preuve d’un lien de causalité entre le médicament et la dépression.
2022 : Call for ban on acne drug Roaccutane after suicide of North Yorkshire teen | ITV News Calendar
Roaccutane : trois labos assignés après le suicide d’un ado - Elle
Curacné : le Roaccutane à nouveau critiqué après le suicide d'un jeune homme - Marie Claire
Un médicament contre l’acné impliqué dans une vague de suicides (medisite.fr)
Suicides linked to acne drug Roaccutane as regulator reopens inquiry | Health | The Guardian
Les cas de suicides sont nombreux, la corrélation souvent dénié, mais nécessite de rester vigilent.
Bientôt un vaccin contre l’acné ?
Innovation ! Bientôt des injections contre l’acné. Avec l’avantage de n’avoir pas d’effets secondaires.
La dermatologue répond qu’il s’agit là de recherche sur un vaccin, à base d’anticorps pour cibler directement les bactéries responsables de l’acné. C’est en phase de recherche expérimentale, et elle ne s’avancerait pas à dire qu’il n’y aura aucun effets secondaires.
=> deuxième fois que je suis d’accord avec elle. Surtout que, même si ce n’est pas précisé, l’un des vaccin à l’étude utilisera la technologie ARN-messager,
sur lequel on a assez peu de recul en terme d’ années d’observations en pharmacovigilance.
Sanofi se lance dans un vaccin anti-acné en acquérant une biotech autrichienne (lefigaro.fr)
La dermatologue précise que l’avantage, ce serait qu’une injection serait mieux tolérée, ce qui éviterait de déséquilibrer la flore intestinale.
=> Ok, donc on est finalement d accord … que les traitements actuels contre l’acné détériore l’équilibre du microbiote ...
Que penser de cette intervention radio ?
Ce que j’en pense, c’est qu’il est dommage qu’en 2022, on en soit toujours à ce niveau de discours sur l’acné et sur les maladies en général.
L’acné n’est pas une maladie qu’on devrait soigner à coup de crème, d’antibiotiques, de molécules puissantes comme l’isotrétinoïde, voire de vaccin.
L’acné devrait être prise en compte pour ce qu’elle est : un symptôme.
Qui dit symptôme, dit causes.
Qui dit causes, dit recherche de la ou des causes.
Pour y remédier de façon appropriée.
Alimentation, gestion du stress, éventuellement médication dans certains cas, oui, mais pas de manière systématisée, sans individualisation et sans réflexion comme c’est actuellement le cas.
Si les traitements proposés par la dermatologie sont parfois nécessaires et utiles, leur systématisation pose question. Une autre approche est possible.
Chaque personne doit être considérée dans son entier, tant l’aspect émotionnel que physique, tant sur sa sphère hormonale, que digestive, sur les pratiques de soin et de cosmétique qu’elle emploi, sans oublier l’écoute active.
Alors oui, cela prend plus de temps. Une consultation en naturopathie dure entre 1h30 et 2h, on recherche les causes et les meilleures solutions individualisées. Pas de protocole pré-établi, pas de recommandations officielles. Chaque client repart avec un programme d’hygiène de vie qui lui est personnel.
Selon la ou les causes, selon le degre de sévérité de l’acné, les résultats peuvent mettre entre 3 mois et 1 an. Mais le probleme sera traité en profondeur, et aura permis peut-être d’en résoudre d’autre, sous-jacent, et de prévenir la survenue d’autres maladies. Pour un retour vers un mieux-être et une santé optimale, sans craintes d’effets délétères.
Quoi de plus primordial que la santé et le bien-être ?